Julian FARADE, dessinateur, peintre, sculpteur et brodeur

…se présente

Je m’appelle Julian, j’ai 34 ans, je fais de la peinture, du dessin, de la broderie et un peu de sculpture.

Quelle a été ton éducation à l’art ?

Semi autodidacte. J’ai fait une classe préparatoire pendant une année. 

Au début je travaillais dans mon coin, avant d’arrêter pour m’y remettre 5 ans après.

Tes parents ont-ils joué un rôle dans cette éducation ?

Non. Ma mère est dans la production dans la mode et mon père occupe un poste administratif. Ma mère y est assez sensible mais ne m’a pas éduqué à l’art. Par exemple, j’étais celui qui l’amenait au musée. 

As-tu as toujours mêlé tes passions à ton activité professionnelle ?

Oui, mais c’est davantage un besoin. Mon travail a un aspect assez thérapeutique. Il y a une dimension cathartique de mes sentiments et des moments que je vis. Mon travail agit comme un purgatoire.

Qu’est ce qui t’as décidé à te lancer en tant qu’artiste ?

Ce sont les peintures que j’ai vues quand j’étais enfant, 12ans. Lors d’une visite à Beaubourg organisée par l’école, j’ai vu un tableau surréaliste rose et jaune qui m’a traumatisé. Toute la classe est passée devant mais personne ne s’est arrêté. J’ai donc demandé à la professeure ce que c’était. Elle m’a retourné la question en me demandant ce que j’y voyais, ce à quoi j’ai répondu de la violence. C’est un tableau qui m’a réveillé à l’art.

Tu en étais conscient à l’époque ?

Oui, mais j’avais 12 ans. C’était ma première expérience esthétique : il se passait quelque chose en regardant quelque chose. Je me suis alors dit que c’était possible.

Et, il y a 3 ans, c’est en regardant un documentaire sur les surréalistes que j’ai reconnu ce peintre, Matta, qui m’avait traumatisé, mais dans le bon sens cette fois-ci. 

Est-ce que le souvenir de ce tableau influençait déjà ton travail lors de tes débuts 

Oui, complètement. Tout le temps. J’utilise énormément le rose et le jaune. Ce tableau a été un tel traumatisme que j’avais envie de le reproduire sans arrêt. J’avais mentalisé cette image.

Ton travail a-t-il évolué en conséquence depuis que tu connais l’identité de cet artiste ?

Non. Ça m’a juste permis de mettre un nom sur ce tableau. Je ne me suis pas adapté aux surréalistes, même si j’aime bien leur manifeste et ce qu’ils disent. Je ne pense pas être un artiste surréaliste. Par contre, le manifeste Dada me correspond davantage. Les dadaïstes parlent des goûts et des passions, du fait de ne pas réfléchir… Ça représenterait la différence entre l’art contemporain et l’art moderne. 

Des techniques et des matières que tu aimes travailler ?

Je serais plus enclin au dessin, mon medium principal.

Mais je fais de la peinture, de la broderie et de la sculpture depuis peu. Presque tout, en fait.

Cette évolution traduit-elle une forme de retour à la matière selon toi ?

Le pinceau joue le rôle d’un intermédiaire : tu peux perdre le geste dans le pinceau. Il s’aplatit quand il touche la toile, il devient mou. C’est donc à partir de ce moment-là que tu as besoin d’un rapport plus dimensionnel et direct avec le support. Quand on est artiste un intermédiaire devient vite dérangeant. Tandis que pour d’autres, il peut être l’objet du détournement. Mais comme je ne peux pas détourner, j’ai besoin d’un rapport direct avec la main.

[réflexion sur la limite du dessin]

Quelles sont tes inspirations ?

Comme mon travail est un travail sur le vif et sur l’instinct, je n’ai pas vraiment d’inspirations… Malgré tout, la mémoire m’inspire : vivre ou saisir à nouveau des émotions.

Il y a aussi plein d’artistes qui me plaisent et auxquels je peux me rattacher en pratique, mais rien ne m’inspire, à part ce tableau rose.  En réalité ce n’est pas une inspiration car je ne fais pas du tout ce que fait Matta.

Je suis une éponge. Je digère de l’image, je filtre et ensuite je pose sur le papier.

Quels sont les artistes dont tu apprécies l’œuvre ?

Les Cobras, un groupe d’artistes des années 1960. Parmi eux j’aime bien Alechinsky et Asger Jorn.

Sinon, Helen Frankenthaler, une expressionniste abstraite américaine ou encore Louise Bourgeois, pour son rapport au sensible et à la mémoire qu’on sent énormément.

Dans les contemporains, j’aime beaucoup Josh Smith, il est Américain.

Je dis que j’aime bien ces artistes parce que quand je regarde ce qu’ils font, ils me donnent envie de travailler. Ils me permettent de faire des pauses et me nourrissent. 

Si tu devais être un objet lequel serais-tu ?

[rires]

Je ne sais pas du tout. Je n’ai jamais réfléchi à ça.

Une tasse, c’est bien. Elle est proche de ta main, tu peux y mettre des choses qui disparaissent à l’intérieur mais elle, elle est toujours là. 

Où pouvons-nous retrouver ton art ?

J’expose en ce moment à Saint-Paul-de-Vence dans la galerie Podgorny Robinson et serai bientôt à Bruxelles. 

Sinon, je travaille parfois avec la galerie Marie-Laure Mallet dans le Marais. 

Cet été une exposition est aussi prévue dans Les Pouilles, en Italie.

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