Valeria JARAMILLO, photographe, peintre sculptrice, dessinatrice, graveuse

Si tu devais choisir quelques mots ou adjectifs pour te présenter… ?

Artiste et réalisatrice romantique, enfin néoromantique plutôt.

Quelle a été ton éducation à l’art ?

J’ai grandi avec la flûte enchantée de Bergman comme premier souvenir visuel. Son esthétique particulière s’est attachée à mon cerveau. La lumière et la décoration de mon appartement s’en inspirent encore aujourd’hui.

Mon père regardait aussi beaucoup The Wall des Pink Floyd. Il aimait les bons films et était très sensible à l’opéra. C’est d’ailleurs lui qui a su voir en moi, il a su me connaître avant que je ne me connaisse moi-même.

Ma maman est psychologue et elle a aussi toujours été sensible à l’art. Elle faisait de la peinture quand elle était plus jeune et je trouve qu’elle était très douée.

[réflexion sur le rôle du soutien d’autrui dans la démarche de création]

Quel regard tes parents portent-ils sur ton art ?

Ce que je fais est grotesque et sombre. Ce n’est pas le style de ma maman, qui est plutôt minimaliste. Esthétiquement parlant, je suis son opposé : mon art n’est pas décoratif. Mais, assez paradoxalement ça l’aide à aborder ce que je fais et ça ne l’empêche pas d’apprécier mon travail. Mon père, lui, comprend davantage mon esthétique.

De manière générale, mes parents adorent mon art et y voient du potentiel. 

[réflexion sur la question « Un artiste est-il un artisan ? » et selon Valeria «Un artiste n’est pas artiste sans être artisan. Un art ne peut pas exister sans le travail de la matière. »]

Quelles sont les techniques ou les matières que tu aimes travailler ?

Il y en a tellement…

En fait, j’aime transformer la matière.

J’aime la matière telle qu’elle, brute, que ce soit du verre, du tissu, du bois, du papier, de la peinture. Peu importe, tout ce que je trouve je le recycle. Par exemple, je n’utilise pas d’argile. Pour ma dernière sculpture j’ai pris de la matière qui existait déjà et j’ai trouvé une façon d’en faire de la pâte. Ne pas transformer la matière me dérange.

Je travaille aussi beaucoup au stylo.

Quelles sont tes inspirations ?

La lumière, l’univers romantique de Goethe. J’aime aussi Balzac, Frida Khalo, Van Gogh, Bazille, Caravage, Arcimboldo, Rousseau, Renoir, Dalí… Je trouve de la beauté dans presque tous les artistes.  Les impressionnistes m’inspirent beaucoup. Mais, en réalité tout m’inspire. 

Les gens me comparent souvent à Dalí lorsqu’ils regardent mon travail sur « Lemonia ».

(Une série de dessins au stylo qui deviendra un film. C’est un royaume, un univers dystopique. Lemonia a un hymne et un drapeau. Valeria a commencé cette série il y a plus de 10 ans, lorsqu’elle étudiait aux Beaux-Arts à Barcelone. C’est un travail où elle rejette tous les mauvais sentiments et les passions humaines destructrices. Lemonia lui permet de canaliser ses passions en toute conscience, le but étant de ne pas faire sortir le mal ailleurs.)

Quels sont les artistes dont tu apprécies l’œuvre ?

J’ai une réponse pour toi : 

Réaliser et produire un film est tellement dur que j’apprécie n’importe qui parvenant à faire une œuvre cinématographique, même si le film est mauvais. 

J’admire Stanley Kubrick qui fait des films merveilleux.

As-tu eu des sollicitations récentes ?

Les images de mon film ont guidé le travail d’une poétesse qui s’en est inspiré pour écrire son recueil de poèmes qui va paraître en Colombie.

J’ai aussi eu une parution dans le magazine Art&Design en France. 

https://artetdesigngroup.com/produit/edito-numero-28/

Si tu devais être un objet, lequel serais-tu ?

Un citron. 

Pourquoi ça ?

J’aime le citron et « Lemonia » signifie « limón » en espagnol. 

Alors, pourquoi en faire une représentation du mal ?

Je ne peux normalement pas manger de citron, ça me brûle l’estomac lorsque j’en mange C’est une métaphore du mal, des blessures, de l’amer et de l’acide que je ne peux pas ingurgiter mais que je fais quand même. Je fais des choses qui font mal, comme Lemonia. C’est mon purgatoire.

IMG_2314